Culture sécurité : les limites du rétroviseur

Mesurez-vous la performance sécurité de votre entreprise dans des tableaux de bord ?

Si vous avez fait comme la majorité des entreprises que je rencontre, vous comptabilisez probablement les accidents et les soins, et suivez peut-être un taux de fréquence, sans doute aussi le nombre de jours sans accident.

Vous suivez les événements que vous avez subis, en regardant dans le rétroviseur.

Mesurer les événements sécurité est un piège

"No news is good news" ?

Faisons un rapide parallèle avec la démarche qualité : mesurer la performance sécurité via le nombre d'accidents revient à mesurer la qualité de vos produits via nombre de réclamations reçues.

Mais pour une réclamation officielle, combien de clients mécontents ? et combien de produits défectueux et de services défaillants ? Le nombre de réclamations ne le dira pas.

Tout comme le nombre d'accidents ne vous dira pas combien de presqu'accidents ont eu lieu, ni combien de comportements à risque ont été adoptés.

La variation du taux de fréquence est trompeuse

Les accidents sont des événements singuliers. Ils ne sont pas représentatifs de l’efficacité du management de la prévention en place, ni des actions correctives mises en place après un accident.

Et pourtant, quand le taux de fréquence s’améliore, tout le monde se félicite, quand il se dégrade, on cherche ce qui ne va pas… comme si cet indicateur reflétait fidèlement les comportements.

Les indicateurs influencent la façon dont les managers agissent...

Parce que ces indicateurs sont orientés résultats, le management tend à être réactif : il vise à résoudre les problèmes plutôt que les prévenir avant leur apparition.

Pas d'accident, tout va bien, je peux travailler sur mes vraies priorités...

... mais aussi la perception de la sécurité par les équipes

Quand un accident survient, le management se met en branle, malheureusement en se concentrant souvent sur ce qui ne va pas.

Encore un non respect d'une règle élémentaire, je passe mon temps à les répéter !

Cette attitude renforce la vision négative de la sécurité, voire parfois la croyance que le principal est de ne pas se faire attraper par la patrouille : pas vu, pas pris !

Quels indicateurs pour mesurer et développer la culture sécurité ?

Pas de grand ménage

Le propos n'est pas de supprimer ces indicateurs "rétroviseurs", ils sont utiles (et pour certains obligatoires) car ils permettent de voir - sur le long terme - si la culture sécurité évolue dans le bon sens, et permettent également de comparer ses performances aux entreprises du secteur.

Observer les comportements

Les indicateurs « après-coup » mesurent combien de personnes ont été blessées et à quel point ils l’ont été, mais ne mesurent pas ce que "font" les collaborateurs au jour le jour.

Mais peut-on réellement mesurer les comportements ?

En tous cas, il est possible de les observer, de valoriser les comportements vertueux, de détecter les comportements risqués, d'intervenir en cas d'écart, de discuter et créer des prises de conscience, de créer de l'engagement individuel, et au fur et à mesure, avoir un impact sur les comportements et la culture sécurité.

Des indicateurs de moyens

En plus des indicateurs de résultats, d'autres indicateurs doivent mesurer les efforts déployés - par les managers et par les équipes - dans la démarche sécurité.

La mesure et la reconnaissance de ces efforts déployés sont le carburant indispensable pour que la démarche prenne son élan et trace sa route. Ce sont eux qui vont définir quel est le "vrai travail" du manager, et intégrer la sécurité parmi ses priorités.

Quelques exemples :

Combien de situations à risques sont remontées grâce aux informations des équipes ? Tous les secteurs jouent-ils le jeu ? Est-ce que ce sont des remontées pertinentes, ou certains secteurs visent à "faire du chiffre" ?
Combien d'observation terrain ont permis de détecter des anomalies ?Combien de visites sécurité avons-nous réalisé ? Combien d'entre elles ont donné lieu à un véritable engagement comportemental ?
Sommes-nous réactifs dans nos analyses d'accidents ? quel est le pourcentage d'actions humaines, organisationnelles et techniques dans nos plans d'actions ? Où en sommes-nous dans l'avancement de ces plans d'actions ?

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