Dans l'urgence, ou sous la pression, nous cédons facilement à la tentation d'appliquer des remèdes miracles, présumés être la panacée universelle de la sécurité au travail.
On nous a mille fois répété que pour améliorer la sécurité au travail, il fallait travailler sur les "comportements".
Il n'est donc pas étonnant que, lorsque les résultats sécurité se dégradent, un réflexe du dirigeant et du préventeur soit souvent d'imposer, en réaction, un n-ième outil de prévention sensé améliorer ces "comportements".
Pourquoi ce réflexe ?
- parce que l'outil existe et qu'il suffit de copier-coller,
- parce qu'il a fait ses preuves ailleurs (voir notre article sur le sujet) ...
- et parce qu'il faut bien réagir, "on" ne comprendrait pas qu'on ne fasse rien...
Attention, les accidents ne sont qu'un symptôme
Les causes des accidents peuvent être multiples.
Lancer un nouvel outil de prévention sans diagnostic préalable revient à choisir à pile ou face entre l'onguent et la saignée, entre l'homéopathie les les antibiotiques.
De toutes façons, un nouvel outil ne peut pas faire de mal.
Et pourtant...
Certains remèdes sont pires que le mal quand ils sont administrés dans la précipitation
Voici quelques exemples de mauvaises prescriptions :
- Lancer des causeries sécurité sans accompagner les chefs d'équipe, qui répèteront sans conviction les messages préparés par le préventeur,
et renforçant ainsi l'idée que le chef parle sécurité, mais qu'il n'y croit pas, la preuve que l'important, c'est bien de produire...
- Mettre en place des visites sécurité animées par des managers non formés, qui transformeront ces conversations en audits de comportement,
et renforcer ainsi l'idée que l'important dans la sécurité, c'est de ne pas se faire prendre...
- Décider sans concertation d'une règle ou d'une interdiction, en réaction à un accident,
et renforcer ainsi l'idée que la sécurité est une contrainte qui nous empêche de faire notre travail...
Gardez le cap !
Transformer la culture sécurité d'une entreprise est une démarche qui prend du temps.
Une fois le diagnostic réalisé, ne changez pas les prescriptions à chaque nouvelle poussée de fièvre. Bien sûr, des adaptations s'imposent parfois, mais les changement de cap récurrents brouillent la Vision et n'inspirent pas confiance.
Donc même si c'est contre-intuitif, il faut parfois savoir de pas réagir, et afficher notre confiance dans le projet de transformation en gardant le cap fixé ensemble.