Certes...

Les plus grandes structures disposent de moyens humains et financiers plus importants que les plus petites structures. Il arrive que les plus petites souffrent du syndrome de la tête dans le guidon, et se limitent à la formation du fameux salarié désigné compétent pour satisfaire à leur obligation légale. Les plus grandes bénéficient d'équipes support qui peuvent travailler sur les sujets sécurité plus en profondeur.

Les mutations géographiques des managers favorisent l'homogénéité de la culture sécurité. L'impact positif du leadership sécurité des meilleurs managers bénéficie ainsi à davantage d'équipes, et la trace qu'ils laissent derrière eux est souvent durable.

Les grandes entreprises ont souvent une histoire plus ancienne, et les décennies ont permis à la culture sécurité de s'installer et de mûrir.

La sécurité peut être perçue comme un enjeu financier plus important pour les plus grandes entreprises : au delà de 150 salariés, le taux de cotisation AT/MP est directement proportionnel aux frais engagés suite aux accidents et maladies professionnelles. Ce n'est pas le cas pour les plus petites entreprises.

Les grandes entreprises, plus visibles, sont potentiellement plus sensibles à leur image "RSE". Cela peut être parfois un levier de motivation à engager une démarche sécurité visible de ses parties prenantes.

Cependant...

Le poids du "corporate" dans les grandes structures transforme parfois la sécurité en contrainte : reporting chronophage, déploiement de feuilles de route à marche forcée, outils imposés par le groupe, etc... aboutissent alors à des équipes de terrain déresponsabilisées, et une culture de moyens plus que de résultat.

L'impact du dirigeant est potentiellement plus puissant dans les petites structures, car il est par construction plus proche du terrain, en tous cas en nombre de niveaux hiérarchiques. A fortiori si le dirigeant est le fondateur, il a développé son entreprise en transmettant ses valeurs personnelles, et si la sécurité en fait partie, il y a des chances que cela se constate sur le terrain.

La confiance s'installe plus facilement dans les petites structures. Moins sensibles aux effets de silos et aux luttes politiques internes, les équipes sont plus à même d'installer et conserver le climat de confiance nécessaire aux feedbacks, à la circulation de l'information, à l'analyse sincère des faits accidentels, etc...

Idée reçue ?

Les champions de la sécurité sont souvent de grands groupes ayant entrepris des démarches culturelles depuis des décennies, avec la volonté sans faille de faire de la Sécurité la Valeur n°1.

Cependant, le passage dans la cour des grandes entreprises n'est pas sans piège. Et les plus petites structures ont de leur côté des atouts formidables pour créer une culture sécurité pérenne. Je témoigne que certaines ont largement relevé le challenge.

Alors oui, l'idée que la culture sécurité est plus mûre dans les grandes entreprises est une idée reçue ! La culture sécurité ne grandit pas toujours en même temps que la taille de l'entreprise.