On préfère souvent être plusieurs à avoir tort que seul à avoir raison.

C'est ce qu'a mis en évidence la psychologie sociale avec le biais de la "pensée du groupe", que j'ai déjà évoqué ici. En prévention des risques, ce travers amène certaines personnes à ne pas oser contredire l'avis majoritaire, et taire des avis et arguments qui pourtant pourraient éviter des accidents.

Prenons l'exemple réel d'une entreprise qui a souhaité démarrer une nouvelle machine.

Des experts de la conformité sont passés et ont listé une série de remarques, dont les plus importantes ont depuis été levées. Le chef de projet a réuni quelques opérateurs pour analyser les risques résiduels et envisager un "mode dégradé" qui permettrait - sous conditions - de démarrer la machine pour une production test. Malheureusement, malgré le bon climat social, le biais de "la pensée du groupe" agit, et certains participants, pour ne pas être l'empêcheur de tourner en rond, préfèrent taire leurs remarques et se fondre dans l'avis général...

Comment lutter contre la pensée du groupe ?

La plus connue des méthodes de confrontation d'idées est de nommer un avocat du diable. Choisi pour sa capacité à se prendre au jeu, il aura pour mission de défendre l'avis contraire à l'avis général, et mettre sur la table tous les risques, même les plus improbables.

Un conseil : définissez clairement et devant tout le monde le rôle de l'avocat du diable (cela le mettra à l'aise dans cette fonction temporaire) et délimitez son périmètre d'actions (son terrain de jeu doit être clair pour tout le monde).

Dans notre exemple de la réunion d'analyse des risques, nous avons nommé comme avocat du diable un membre du CHSCT.
Sa mission, clairement donnée par le chef de projet devant les participants, était de défendre l'avis qu'il ne fallait pas mettre en route l'installation, en mettant en avant tous les risques imaginables. Par contre, il lui était interdit d'apporter des solutions. Le reste du groupe était alors en charge de coter la probabilité et la gravité potentielle de chaque risque mis en avant, et le cas échéant, de proposer une solution.

En une heure et demie de réunion sur le terrain, la liste des actions urgentes à entreprendre pour autoriser le démarrage en "mode dégradé" était définie collégialement. Le lendemain après-midi, la production test pouvait démarrer.

Découvrez aussi la méthode de l'analyse pre-mortem.

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