Qu'est-ce-que le Taux de Fréquence ?
Le taux de fréquence mesure sur une période donnée le nombre d'accidents avec arrêt par millions d'heures travaillées.
TF = ( nombre d'accidents / nombre d'heures travaillées ) x 1.000.000
Par exemple, un site qui emploie 150 personnes enregistre (environ, et par simplification) 150 x 47 semaines x 35 heures par semaine, soit approximativement 247 000 heures travaillées par an.
S'il a eu à déplorer sur l'année 6 accidents avec arrêt,
alors son TF sera de 6 x 1 000 000 / 247 000 = environ 24
(je vous épargne les chiffres après la virgule, vus les raccourcis pris sur le calcul des heures).
Oui mais 24, c'est bien ? c'est beaucoup ?
Retenez que 24 est justement le TF moyen des entreprises françaises.
Avec bien sûr des résultats variables par secteur (45 dans le BTP, 30 dans l'industrie agro-alimentaire, 22 dans la métallurgie, 7 dans les métiers de service, etc...).
On peut lire parfois des courbes qui tentent de relier le niveau de culture sécurité à la performance en terme de taux de fréquence.
Pourtant, s'il est est sans doute intéressant de comparer son TF à celui de son secteur, il me semble beaucoup moins pertinent, voire dangereux, d'utiliser le TF comme baromètre exclusif de sa performance sécurité.
En voici quelques raisons.
1- Absence d'accident ne signifie pas sécurité
Faisons un rapide parallèle avec la démarche qualité : mesurer la performance sécurité via le nombre d'accidents revient à mesurer la qualité de vos produits via nombre de réclamations reçues.
Mais pour une réclamation officielle, combien de clients mécontents ? et combien de produits défectueux et de services défaillants ? Le nombre de réclamations ne le dira pas.
Tout comme le nombre d'accidents ne vous dira pas combien de presqu'accidents ont eu lieu, ni combien de comportements à risque ont été adoptés.
2- Le TF est un indicateur "rétroviseur"
Tant que le nombre d'accident reste faible, aucun signal ne s'allume. Le TF ne permet pas de savoir si une dérive vous envoie dans le mur à court ou moyen terme.
Les causeries ne sont plus animées ? Les presqu'accidents ne remontent plus ? Les équipes prennent de plus en plus de raccourcis pour garantir les performances de production ? Le Taux de Fréquence ne vous le dira pas.
En tous cas pas tout de suite...
Vous pouvez relire ici notre article sur ce sujet.
3- La variation du taux de fréquence est trompeuse
Les accidents sont des événements singuliers. Ils ne reflètent pas directement l'évolution de la culture sécurité.
Et pourtant, quand le taux de fréquence s’améliore, tout le monde se félicite, quand il se dégrade, on cherche ce qui ne va pas… comme si cet indicateur reflétait fidèlement les comportements.
En outre, plus l'effectif de l'entreprise est petit, plus la variabilité du TF est grande. Ainsi, une entreprise de 60 personnes, un seul accident représente 10 point de TF !
4- Le TF influence la façon dont les managers agissent...
Face à cet indicateur de résultats, le management tend à être réactif : il vise à résoudre les problèmes plutôt que les prévenir avant leur apparition.
Pas d'accident, tout va bien, je peux travailler sur mes vraies priorités...
... mais aussi la perception de la sécurité par les équipes
Quand un accident survient, le management se met en branle, malheureusement en se concentrant souvent sur ce qui ne va pas. Cette attitude renforce la vision négative de la sécurité, voire parfois la croyance que le principal est de ne pas se faire attraper par la patrouille : pas vu, pas pris !
Ce qui m'amène au dernier point.
5- Le TF peut être un indicateur "pastèque"
Un indicateur pastèque est un indicateur vert à l'extérieur, mais rouge à l'intérieur.
Dans une entreprise dont le compteur indique 500 jours sans accident, je ne voudrais pas être celui qui remet les compteurs à zéro.
Quand le taux de fréquence est très bon, paradoxalement, il peut inciter à cacher certains évènements sous le tapis... encore plus si une prime est liée aux résultats sécurité.
Conclusion
Oui, le Taux de fréquence est un indicateur qui doit faire partie de votre panoplie, mais il ne peut à lui seul être le baromètre de votre culture sécurité.
Quant à savoir s'il faut viser un taux de fréquence nul, le fameux ZERO ACCIDENT, c'est un autre débat, nous y reviendrons...
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