Ce dimanche, dans l'excellente émission "C Politique" de France 5, un philosophe et un médecin débattaient sur le thème "Doit-on faire de la santé une valeur suprême ?", s'interrogeant en particulier sur la légitimité d'imposer des restrictions de liberté dans la période actuelle de Covid 19.

La même question, transposée à la sécurité et santé au travail, est peu débattue dans les entreprises françaises. Cela tient vraisemblablement au fait que la sécurité est souvent perçue comme "non négociable".

Mais cette perception du non négociable est-elle toujours bâtie sur de bonnes raisons, créatrices d'une vraie valeur sécurité ?

Interrogeons-nous sur les raisons pour lesquelles nous nous préoccupons de sécurité au travail.

Les motivations du type "ça peut me coûter cher" sont peu créatrices de valeur

La responsabilité pénale

La responsabilité pénale est une motivation fréquente de l’employeur. En effet, le dirigeant, son délégataire ainsi que toute personne dont la faute serait une des causes du dommage, encourent jusqu’à 5 ans de prison en cas d’accident grave s’il est établi qu’il n’ont pas accompli ce que le juge appelle les diligences normales de prévention. Ça peut me coûter cher...

La pression des parties prenantes

L'entreprise voit parfois la sécurité comme une somme de contraintes imposées par le CSE et sa commission santé, sécurité et conditions de travail (ex CHSCT), l'inspection du travail, les préventeurs de la CARSAT, et autres parties prenantes, qu'elle considère comme des gendarmes qui veillent à l'application de lois, règlements, normes, ... Si je ne suis pas en règle, ça peut me coûter cher...

Le coût des accidents

Les accidents du travail sont également souvent perçus comme une charge, au sens comptable. Le taux de cotisation AT/MP (le pourcentage de la masse salariale versé pour couvrir les réparations de la CARSAT suite aux accidents de travail et maladies professionnelles) peut rapidement s’avérer une incitation à progresser… Et ce n'est rien comparé aux coûts indirects cachés auxquels l’entreprise doit faire face en cas d’arrêt de travail : remplacement, formation, baisse de productivité, augmentation des rebuts, retards de livraison et perte éventuelle de commandes… Ça peut me coûter cher...

Ces trois motivations sont réelles, et les dirigeants d'entreprise ont bien sûr raison de les prendre en compte. Mais ici, la sécurité est perçue comme une contrainte qui nous empêche de faire notre "vrai travail", et il faut s'en occuper car "on n'a pas le choix"... Si on ne le fait pas, cela peut nous coûter cher.

C Politique, dimanche 13 septembre 2020, France 5

A contrario, les motivations du type "ça peut rapporter gros" sont créatrices de valeur.

Aujourd’hui les chefs d’entreprise entrevoient dans la sécurité au travail plus qu’une simple contrainte.

La Responsabilité Sociétale des Entreprises

Le fait que 20 personnes décèdent encore chaque semaine en France des suites d'un accident de travail ou d'une maladie professionnelle (oui, vous avez bien lu...) n'est plus acceptable aujourd'hui. Au-delà de la Loi, c’est aussi sa responsabilité éthique qui motive le chef d’entreprise à garantir l’intégrité physique et morale de ses collaborateurs.

Cette considération est un pilier du climat de confiance, générateur d'engagement des équipes. Alors oui, la sécurité peut rapporter gros...

Un levier de la performance globale

De plus en plus de dirigeants et de chefs d’entreprise entament également une démarche sécurité dans une optique de recherche de performance globale. Ils ont compris qu’une équipe qui a de bons résultats sécurité a aussi de bons résultats qualité, respecte ses délais, maîtrise ses coûts.

Le leadership de la sécurité s'appuie sur des qualités fondamentales comme l'enthousiasme, l'exemplarité, l'exigence, le goût de l'enquête et la capacité à encourager et à engager les équipes... Ces qualités sont développées dans notre livre "Libérer la Sécurité au Travail".

Le manager enthousiaste, qui fait preuve de conviction sur la sécurité, ne saurait-il pas le faire sur le service client ? Le manager exigeant sur le respect des règles sécurité ne pourrait-il pas l'être sur la qualité des produits qu’il fabrique ? Le manager enquêteur, qui utilise chaque événement pour progresser, ne le ferait-il pas également au service de la productivité de ses installations ou la réduction de ses pertes ? De même, le manager encourageant, qui fait confiance à ses équipes, et le manager engageant, qui libère les énergies et développe les talents, créeront, au-delà de la sécurité au travail, un collectif d’acteurs à même de progresser sur tous les sujets opérationnels, au service de la performance globale de l’entreprise.

D'ailleurs, les clients aussi l'ont compris : aujourd’hui pour qualifier un fournisseur, on audite souvent non seulement son système qualité, mais aussi son système de management de la sécurité. On considère qu'une entreprise qui a de mauvais résultats sécurité est "malade de son management". Good safety is good business !

Donc la sécurité, ça peut rapporter gros...

En résumé

S'occuper de sécurité parce que "ne pas le faire pourrait nous coûter cher" ne permet pas de développer une valeur sécurité durable et partagée. La sécurité sera toujours perçue comme une contrainte qui nous empêche de faire notre travail.

Posons-nous plutôt la question "qu'est-ce que la sécurité peut nous apporter ?", donnons du sens à la démarche pour créer de l'engagement et faire de la sécurité une vraie valeur partagée.

Nous pouvons vous aider à faire de la sécurité une valeur suprême : contactez-nous sur tispego.com